5 juillet 2009

L'acide lactique déculpabilisé

Tous les sportifs (et ceux un peu moins) connaissent cette sensation (généralement le lendemain d’un effort physique), quand on n’est pas capable de descendre l’escalier et quand chaque mouvement fait mal.

Et tout le monde connaît l’histoire de l’acide lactique qui est depuis des années sur le banc d’accusés comme étant à la source de cette douleur.

Des lactates ont été parmi les premiers sous-produits métaboliques détectés (pendant des années 1930) et il était facile de mesurer leurs niveaux. Or, on a découvert qu’ils se formaient quand les muscles ont été privés d’oxygène et le manque d’oxygène a été toujours considéré comme une limitation aux performances. De plus, ils étaient produits pendant les courses à un rythme rapide. Donc, pas trop difficile à conclure que c’était eux, les lactates, responsables de nos problèmes.

Depuis quelques années, on a commencé a parler de la possibilité que ce ne soit pas l’acide lactique, mais plutôt des ions d’hydrogène, qui causent cette sensation que tout le monde voudrait éviter à tout prix.

En réalité, les deux n’ont rien à voir avec la douleur. D’abord, les sportifs brûlent l’acide lactique et grâce aux processus chimiques dans notre corps, il est converti en combustible (glycogène). Une autre chose : si le niveau de cet acide est élevé chez les sprinteurs, les coureurs de fond ne courent même pas à un niveau où l’acide lactique commence à se propager dans le sang. Encore mieux, quand on fait du yoga, par exemple, c’est sûr et certain qu’on ne trouvera pas des lactates car il n’y a pas beaucoup d’effort.

Alors, qu’est qui cause cette sensation de brûlure, cette douleur intense qui dure pendant deux ou trois jours et qui disparaît soudainement?

Je n’ai pas cru mes yeux quand j’ai lu la réponse!

Quand on fait un effort musculaire qui dépasse le niveau habituel, les fibres musculaires s’endommagent (et on connaît déjà l’histoire darwinienne que juste les plus forts survivent). Alors, les fibres moins fortes se cassent et doivent être réparées. Dans ce processus, il y a d’abord le nettoyage, quand les cellules spécialisées de notre corps (neutrophiles et macrophages) commencent à faire ce job pour nous débarrasser des cellules endommagées. Ensuite, d’autres cellules commencent la réparation. Les fibres deviennent enflées car le fluide s’en va dans les muscles, leur volume augmente et quand on fait un mouvement, ces fibres font une pression sur les terminaisons nerveuses (en plus des dommages qu’elles auraient pu subir). Avez-vous jamais ressenti la douleur quand un dentiste s’approche (avec sa fraise) d’un nerf dans une cavité profonde? Imaginez alors ce qui se passerait s’il touchait au nerf. Pas capables d’imaginer? Bref, une douleur intense et insupportable. Donc, quand les nerfs dans nos muscles sont pressés, ça fait mal en tab… Heureusement, cela ne dure que deux ou trois jours. Que peut-on conclure? Qu’il ne faut pas faire l’exercice pour éviter la douleur! Faux!

Grâce à ce processus de réparation et d’adaptation, nos muscles deviennent plus forts et la prochaine fois, au même niveau d’effort, il n’y aura pas de problème. Si on s’adapte graduellement aux efforts, on peut bien préparer nos fibres musculaires à de nouveaux efforts sans souffrir. Et l’acide lactique dans tout cela? Comme on voit aujourd’hui, c’était faux.

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